EFFETS SECONDAIRES POSSIBLES
EFFETS SECONDAIRES POSSIBLES
verre, bois, ready-made; 2025
La pharmacie est à l'origine le lieu d’entreposage des médicaments du pharmacien, plus anciennement de l'apothicaire et du guérisseur. Avec le temps, la démocratisation et l'accessibilité aux médicaments ont crû à un point où leur usage est assez courant pour qu’on crée la pharmacie domestique. Ce petit meuble rassemble tous les médicaments, onguents, sirops et soins de santé des foyers modernes. Parallèlement à l'évolution de l'industrie pharmaceutique évolue l’industrie cosmétique. Les cosmétiques englobent les soins de la peau, des ongles et des cheveux dans un but de préservation, d’embellissement ou de modification. Quant à elle, l’industrie cosmétique tient ses racines dans l’altération de l’apparence du corps humain. Les cosmétiques portent différentes symboliques selon les cultures et époques, mais, chose certaine, ils ont toujours été bien distincts de la pharmaceutique destinée à soigner les maux. Pourtant, on entrepose indistinctement les produits cosmétiques et pharmaceutiques ensemble. Comment le rouge à lèvres, le peigne, le vernis à ongles, le gel et le rasoir se sont-ils retrouvés dans la pharmacie domestique?
La ligne différenciant les produits pharmaceutiques des produits cosmétiques est bien mince et parfois difficilement délimitable. Je pense que l’industrie cosmétique a bien compris cela et utilise ce fait pour transposer le caractère essentiel des produits pharmaceutiques aux produits cosmétiques. Le cosmétique a toujours été dans une catégorie de luxe, non essentielle, concernant l’esthétique, alors que la pharmaceutique soigne les maux vitaux et les affections.
Les produits cosmétiques sont aujourd’hui bien ancrés dans le quotidien et ont même une portée identitaire, comme c’est le cas à travers l’utilisation artistique du maquillage, le savoir-faire ancestral de la fabrication de cosmétiques ou encore l’expression de l’identité de genre ou culturelle. Toutefois, les contrecoups de leur consommation seraient-ils démesurés par rapport à leurs bénéfices? si l’on parle des coûts pollution, animaux, effets secondaire proximité pharmacie cosmétique, cout humain extraction transformation, norme sociale, gaspillage, déchets…
La pièce EFFETS SECONDAIRES POSSIBLES est donc une réflexion sur l’industrie cosmétique, son évolution et sa présence dans notre quotidien, sur ses retombées négatives, mais également sur ses aspects positifs, d'où la « possibilité» énoncée dans le titre. J'approfondis cette réflexion à travers l’idée d’un cycle de transformation inachevé induit par le caractère péremptoire de la marchandise produite à des fins pécuniaires à la fois par les industries cosmétique et pharmaceutique. Cette installation se veut être le chaînon manquant pour pallier la non-viabilité de ce cycle autrement délétère. Je récupère le déchet cosmétique là où le cycle s’arrête et le transforme pour l’y réintégrer dans la pharmacie, sous une nouvelle forme, maquillée. Finalement, la raison d’être du contenu est ainsi transposée à même le contenant : le flacon s’est refait une beauté.
La pharmacie et son contenu, quant à eux, symbolisent ce lieu ambigu où survient la métamorphose : là où l’on joue sur la ligne et où l’on joue sur les mots, où esthétique, cosmétique et pharmacologique se mélangent. Les flacons de diverses provenances, dénués d’altération, se veulent une analogie avec l’humain, nu de cosmétique. Je les « maquille » en les transformant, tel un produit cosmétique qui orne l’humain, en altérant son apparence physique. Le flacon, comme l’humain, conserve sa nature, mais porte une nouvelle allure.